Questions et réponses sur la rentrée scolaire avec Sarah Green du CRFMK

Par Sarah Green, officière de liaison avec les familles (OLF)/travailleuse en services de prévention, de soutien et d’intervention

1. Quels sont les facteurs de stress les plus courants que les enfants ressentent à leur retour à l’école?

• Un changement de routine. Le passage du « calendrier d’été » au « calendrier scolaire » peut être une source de stress et d’anxiété pour les enfants. Cette situation peut souvent être exacerbée si les parents ressentent eux aussi ce stress. À titre de parents, nous pouvons involontairement transférer sur nos enfants le stress de ne pas être prêts à temps ou d’être en retard. Voilà pourquoi il est souvent suggéré soit de revenir lentement à l’« horaire scolaire », soit d’essayer au moins la semaine précédente d’alterner les heures de coucher et de réveil pour se rapprocher de ce à quoi les enfants pourront s’attendre pendant l’année scolaire.

• Un changement d’environnement. Certains enfants pourront ressentir une certaine fébrilité à l’idée de se retrouver dans un nouvel endroit ou dans un endroit différent de leur maison, où ils ont passé l’été (ou plus longtemps cette année en raison de la COVID-19). Certains enfants pourront même avoir développé des stratégies d’adaptation ou des moyens de se calmer et de se détendre qui sont particulièrement liés à un environnement comme leur chambre ou leur maison. De même, il est probable qu’ils se trouvent dans une autre salle de classe ou un autre secteur du bâtiment que l’année scolaire précédente. Des choses comme le fait de ne pas savoir où se trouvent les toilettes par rapport à leur classe peuvent causer beaucoup de soucis et d’inquiétudes chez eux.

• Participer en classe. Pour certains enfants, le retour à l’école peut provoquer de l’anxiété au moment de penser à la participation en classe. Cela peut être particulièrement stressant si les enfants ne sont pas à l’aise pour parler devant les autres, ou s’ils n’ont pas confiance dans le sujet abordé. Souvent, on leur demande de participer en levant la main et en parlant à haute voix ou on fait appel à eux. L’idée qu’on fait appel à eux ou de ne pas lever la main parce qu’ils ne connaissent pas la réponse peut provoquer de l’anxiété chez les enfants et leur donner le sentiment d’être isolés.

• La fameuse question « Qu’avez-vous fait cet été? ». De nombreux enseignants ont renoncé à poser cette question, reconnaissant que tous les enfants n’ont pas la capacité de faire quelque chose pendant l’été qu’ils seraient ravis de partager. Cela ne veut pas dire que les autres enfants et camarades de classe ne vont pas continuer à la poser. Avec la COVID-19, en particulier, certaines familles d’enfants peuvent avoir eu la possibilité financière d’acheter de nouveaux jouets amusants ou de se procurer les dernières technologies/jeux pendant leur séjour à la maison. Dans certaines familles, les parents peuvent avoir perdu leur emploi; on peut avoir perdu les services de la garderie; et certains enfants peuvent même avoir dû aller au travail avec leurs parents. Les enfants pourront se sentir stressés ou inquiets de ce qu’ils vont dire lorsqu’on leur posera cette question ou lorsqu’ils penseront à la façon dont leur été ou leur expérience de la COVID-19 s’est déroulé par rapport aux autres. Ils pourront également éprouver de l’anxiété quant à la façon dont les autres les percevront lorsqu’ils répondront.

2. Quels sont les facteurs de stress supplémentaires que les enfants pourraient ressentir cette année?

• Mes amis m’aimeront-ils toujours? La pandémie de COVID-19 a entraîné, pour de nombreux enfants, la perte de contact avec les amis ou anciens camarades de classe. Certes, il arrive que cela se produise à l’été, mais ce phénomène peut avoir été amplifié cette année. Cela pourrait être dû à l’incapacité de se voir physiquement, ou à des règles familiales différentes concernant l’électronique et les médias sociaux. Les enfants pourront avoir l’impression d’avoir « raté » des blagues d’initiés ou des projets avec des personnes dont ils se sentaient proches. À leur retour à l’école, lorsqu’ils reverront leurs amis, ils pourront craindre ou s’inquiéter que leurs amis ne les aiment plus, ou qu’ils aient trouvé de nouveaux camarades.

• Avoir des ennuis. Il peut s’agir d’un facteur de stress ou d’une préoccupation courante chaque année scolaire, car les enfants voient leur figure d’autorité passer du ou des parents à l’enseignant(e). Cela pourrait être amplifié cette année en raison des nouvelles règles et réglementations entourant la COVID-19. Les enfants auront peut-être entendu différentes choses sur la COVID-19, mais ils en sont probablement tous au courant. Ils ont peut-être reçu des instructions rigoureuses sur les masques et la manière de se comporter. Ils pourraient ainsi avoir peur ou s’inquiéter d’enfreindre ces « règles » supplémentaires.

3. Comment les enseignants peuvent-ils aider à réduire les facteurs de stress des enfants?

• Faites visiter l’école aux enfants au cours de la première semaine d’école (idéalement le premier jour). Même s’ils ont tous déjà été à l’école, le fait d’être dans une nouvelle classe signifie que le chemin de la salle de classe aux toilettes peut maintenant être différent. Cette approche sera particulièrement utile pour les apprenants visuels et évitera de devoir montrer du doigt un enfant en demandant à un adulte, un(e) enseignant(e) ou un membre du personnel de l’accompagner aux toilettes si cela n’est pas nécessaire. En outre, cela peut être bénéfique si on a posé de nouvelles flèches directionnelles et si on doit marcher sur un autre côté du couloir qu’on le faisait auparavant à la suite des précautions prises en raison de la COVID-19.

• Proposez aux enfants différentes façons de participer en classe. Donnez-leur la possibilité de partager à voix haute, d’écrire, de dessiner ou même de donner leurs réponses à l’aide d’accessoires ou d’objets dans la pièce. Souvent, le fait de savoir qu’il existe des options qu’ils peuvent choisir en fonction de leur niveau de confort peut contribuer à réduire le stress et l’anxiété.

• Demandez à la classe ou aux élèves s’il y a quelque chose qui leur permettra de se sentir en sécurité dans la salle de classe cette année (leur offrir la possibilité de rester anonyme peut être un avantage!). Il pourrait s’agir de quelque chose lié à la COVID-19 et à la sécurité physique ou émotionnelle. Demandez par exemple ce que vous pouvez faire pour leur permettre de se sentir en sécurité, à l’aise ou heureux ou heureuse. Que peuvent faire leurs camarades de classe pour leur permettre de se sentir en sécurité, à l’aise ou heureux ou heureuse? Faites-leur savoir à l’avance que tout ce qu’ils suggèreront ne pourra être appliqué, mais que vous voulez les écouter et que vous pouvez les aider à établir un certain sentiment de contrôle.

4. Comment les parents peuvent-ils aider leurs enfants à faire face aux facteurs de stress?

• Lors de la transition vers un « horaire scolaire », les parents peuvent souvent se sentir eux-mêmes anxieux, surtout au moment d’essayer d’équiper leurs enfants avec leur matériel lors du départ du domicile, de les amener à l’école à l’heure et de se mettre eux-mêmes au travail. Essayez de prévoir des délais et des routines pour les enfants et commencez le plus tôt possible! Faites-leur savoir que les jours d’école, vous devez quitter la maison à 8 h ou encore être dans la voiture à 7 h 30. Demandez-leur ensuite ce dont ils auront besoin pour être prêts à ce moment-là. Si un enfant veut prendre 20 minutes pour déjeuner, il peut le faire, mais il doit prévoir de se lever à temps pour y arriver. Impliquer les enfants dans la planification peut les aider à se sentir plus en contrôle et plus confiants!

• Asseyez-vous et faites un plan avec les enfants sur ce qu’ils feront s’ils ressentent différentes émotions au cours de la journée ou de la semaine scolaire. S’ils commencent à se sentir anxieux, tristes, effrayés, fâchés, etc. à l’école, que peuvent-ils faire? À qui peuvent-ils s’adresser? Vous pouvez même l’écrire ensemble ou créer un document qu’ils pourront garder dans leur sac et auquel ils pourront se référer. Ne pas savoir quoi faire peut augmenter le stress et l’anxiété; toutefois, avoir la sécurité de savoir quoi faire ou au moins ce qu’il faut essayer de faire pour atténuer les émotions peut contribuer à les réduire. Il peut même être utile de partager ce plan avec l’enseignant(e)!

• Validez leurs sentiments. Les enfants continuent d’apprendre à connaître leurs émotions et leurs sentiments et à comprendre comment les vivre. En les validant, nous pouvons leur apprendre qu’il est normal de se sentir ainsi et les aider à apprendre ce qu’il faut faire. Cela peut également les aider à se sentir mieux compris et plus proches de vous. Essayez de les valider en disant des choses comme : « Je comprends pourquoi tu te sens _____ parce que… (donnez quelques raisons) » ou « Il est logique que tu te sentes ainsi parce que… (donnez quelques raisons). »
o Voici d’autres façons de commencer : « Je peux voir comment cela pourrait te faire sentir _____. », « Pas étonnant que tu te sentes _____. » ou « Je peux comprendre pourquoi tu puisses te sentir ainsi parce que… »

• Échangez le « mais » contre le « et ». Essayer d’induire les enfants à accomplir des tâches ou à suivre des instructions peut être difficile, surtout en début d’année scolaire. Se lever pour aller à l’école, faire ses devoirs, accomplir ses tâches, arrêter de regarder la télévision, etc. Souvent, nous essayons d’utiliser les techniques de validation ci-dessus, mais nous finissons par invalider les enfants en utilisant le mot « mais ». Par exemple : « Je comprends pourquoi tu es anxieux(se) d’aller à l’école alors que tu n’as pas vu tes amis depuis un certain temps, que tu dois porter un masque et que tu ne sais pas où se trouve ta classe. Mais tu dois quand même y aller. » En passant de l’expression « mais tu dois quand même y aller » à quelque chose comme « et c’est malgré tout quelque chose qui doit être fait », on permet aux deux choses de coexister. Je peux être inquiet(ète), anxieux(se) et nerveux(se) à l’idée d’aller à l’école ET je dois quand même y aller. Que pouvons-nous donc faire ensemble pour y arriver?

• Voici une excellente vidéo d’Anxiety Canada qui aide à expliquer l’anxiété aux enfants : https://www.anxietycanada.com/articles/fight-flight-freeze-anxiety-explained-for-kids/

5. Quels sont les signes que les parents, les enseignants et les autres élèves peuvent surveiller?

• Des changements inhabituels de comportement – se replier sur soi-même, éviter de participer à des activités qu’on aime ou apprécie normalement).

• Des comportements d’évitement – tenter de trouver des raisons de ne pas parler de l’école ou des amis ou éviter d’interagir à l’école ou avec les amis.

• Exprimer des pensées négatives ou d’inquiétude – ou une augmentation de ce genre de pensées.

• Les enfants pourraient vouloir passer plus de temps avec leurs parents ou prendre leurs distances de ces derniers.

• Éprouver plus rapidement des émotions (et souvent à un niveau plus élevé).

• Leurs capacités d’adaptation habituelles ou leurs méthodes de gestion de l’anxiété ou du stress ne fonctionnent pas.

Cela peut être dû à un changement d’environnement et au fait de ne pas avoir la même capacité à les utiliser ou cela peut être un indicateur de stress et d’anxiété accrus.

6. Souhaitez-vous ajouter quelque chose?

• Les enfants peuvent souvent se blâmer eux-mêmes pour des choses qu’ils voient se produire autour d’eux. S’ils remarquent que leurs parents sont plus stressés ou se disputent, ils peuvent créer leurs propres hypothèses pour en expliquer la raison. Il peut être utile de parler aux enfants des comportements ou des actions qu’ils ont pu observer. Par exemple, s’ils remarquent qu’un parent est distrait et se dépêche de dire « Pas maintenant, je dois faire ça » ou « Je n’ai pas le temps pour ça », les enfants peuvent alors penser que c’est de leur faute si leurs parents n’ont pas le temps de faire quelque chose. S’asseoir avec eux et leur dire que vous aussi êtes stressé(e), mais que ce n’est pas de leur faute, peut être vraiment bénéfique. Il peut également être utile de leur expliquer comment vous gérez le stress ou ce que vous faites pour vous sentir plus calme et plus détendu(e). Cela peut ensuite vous amener à mettre des stratégies d’adaptation en pratique ensemble!

L’application gratuite Smiling Mind (https://www.smilingmind.com.au/) aide les enfants, les adolescents et les adultes à faire face à l’anxiété en proposant des séances de pleine conscience de 5, 10, 15 minutes adaptées à l’âge de l’auditeur. L’appli peut également aider à la relaxation et au sommeil. Il suffit de la télécharger sur un téléphone ou un ordinateur, d’y inscrire l’âge de votre enfant et de choisir ce que vous voulez accomplir grâce à la séance – traiter l’anxiété, pratiquer la relaxation, favoriser le sommeil, etc.